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Quatre-vingts ans après sa création, la Sécurité sociale fait face à un déclin préoccupant. Entre débats sur les économies et menaces sur son financement, son avenir s'assombrit.

Quatre-vingts ans après sa création, la Sécurité sociale est loin de toute célébration. L’heure est plutôt aux sombres prévisions. Alors que l’Europe s’interroge sur la nécessité de sacrifier l’État social au profit d’un État de guerre, la France, elle, s’enlise dans un débat stérile sur les économies. Les crises de financement sont hypocritement présentées comme une tare intrinsèque, née avec le système lui-même.

Pourtant, l’idée de Sécurité sociale, héritage des Lumières et popularisée par le New Deal de Franklin D. Roosevelt, promettait un monde libéré du besoin et de la peur. Elle devait garantir une paix durable, un horizon de prévisibilité pour les travailleurs. Une noble ambition, mobilisée en pleine guerre mondiale pour galvaniser les citoyens avec la promesse d’une société plus juste. Mais qu’en reste-t-il aujourd’hui ?

En 1945, Pierre Laroque, l’architecte de la Sécurité sociale française, a choisi la voie des prestations proportionnelles au revenu, à l’opposé du minimum vital prôné par le rapport Beveridge. Cette généralisation des assurances sociales devait offrir un revenu de remplacement en cas de maladie, de chômage ou de vieillesse. Un système ambitieux, confié aux partenaires sociaux, avec l’objectif de couvrir toute la population. Mais ce qui devait être une garantie de sécurité s’est transformé en un colosse aux pieds d’argile, constamment menacé par les déficits et les réformes inachevées.

Le mythe d’une sécurité durable s’effondre sous le poids des réalités économiques. La Sécurité sociale, autrefois pilier de la société, est aujourd’hui perçue comme un poids, un coût insoutenable pour les finances publiques. Son avenir, loin d’être radieux, semble s’écrire sous le signe de la restriction et de la précarité.