
C’est un revers cuisant pour Houria Aouimeur, l’ancienne directrice nationale du régime de garantie des salaires (AGS), qui s’est vue refuser une nouvelle fois le statut de lanceuse d’alerte par la cour d’appel de Paris. Cette décision, rendue le jeudi 10 juillet, confirme une première ordonnance des prud’hommes et plonge un peu plus cette affaire de détournement de fonds présumés dans une complexité décourageante, après près de sept ans de rebondissements judiciaires.
Houria Aouimeur avait pris la tête de l’AGS à l’automne 2018, un organisme paritaire crucial pour la protection des salariés en cas de défaillance d’entreprise. L’AGS, financé par les employeurs, avance les salaires aux mandataires judiciaires qui sont censés les reverser aux employés. Or, c’est précisément le circuit de ces fonds qui est au cœur du scandale, avec des soupçons de détournements massifs atteignant des milliards d’euros.
Malgré ses efforts pour dénoncer ces pratiques douteuses et engager des poursuites, Houria Aouimeur a été licenciée en février 2023 pour « faute lourde », une décision qu’elle conteste comme une mesure de représailles. La Cour d’appel a estimé qu’elle ne répondait pas aux critères juridiques du statut de lanceuse d’alerte, arguant que les faits qu’elle a révélés étaient déjà connus ou antérieurs à son embauche. Une analyse qui jette une ombre sur la protection réelle des lanceurs d’alerte en France et soulève de sérieuses questions quant à la capacité du système judiciaire à faire la lumière sur de telles affaires de grande envergure.
Alors que la Maison des Lanceurs d’Alerte et Anticor avaient pourtant reconnu la légitimité de sa démarche, ce jugement en appel marque un coup dur et laisse planer le doute sur la transparence et l’intégrité de certains rouages financiers. Ce feuilleton judiciaire semble loin d’être terminé, avec des milliards d’euros potentiellement détournés et un système qui peine à se réformer.