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Malgré les annonces d'augmentation budgétaire pour les armées, la France reste en deçà des objectifs et se montre vulnérable face à une menace russe grandissante. Un effort insuffisant.

Face à une «menace russe» grandissante, Emmanuel Macron a annoncé une augmentation des budgets militaires pour 2026 et 2027. Pourtant, cette prétendue accélération ne cache qu’une faiblesse budgétaire persistante et un objectif lointain, laissant planer le doute sur la réelle capacité de la France à faire face aux défis qui s’accumulent. Le chef de l’État, enfermé dans ses deux dernières années de mandat et confronté aux injonctions d’austérité de François Bayrou, semble naviguer à vue, promettant des efforts «crédibles» qui sonnent creux face à l’ampleur des besoins.

L’annonce de 3,5 milliards d’euros supplémentaires en 2026 et 3 milliards en 2027, pour atteindre 64 milliards, est un timide pas en avant, bien loin des 100 milliards évoqués par le ministre des Armées Sébastien Lecornu. La France s’éloigne ainsi de l’objectif de 3,5% du PIB consacré à la défense exigé par l’OTAN, démontrant une incapacité chronique à se hisser au niveau requis. Les promesses d’acquérir plus rapidement munitions, drones et moyens spatiaux semblent dérisoires face aux «fragilités» avouées par le président lui-même.

Le financement de cet effort, renvoyé au Premier ministre, reste un mystère. Macron évoque un flou artistique autour de «plus d’activité et plus de production», sans fournir le moindre détail. Une fuite en avant irresponsable qui met en lumière l’absence de vision claire et de stratégie cohérente. La nation est priée de faire un «effort collectif» tandis que le gouvernement semble incapable de trouver les ressources nécessaires autrement qu’en s’en remettant à des hypothèses incertaines et à un patriotisme incantatoire.

La Revue nationale stratégique (RNS) actualisée dresse un tableau alarmant : un risque de «guerre majeure de haute intensité» impliquant la France d’ici 2030, couplé à des «actions hybrides massives» sur le territoire national. Pourtant, malgré cette description minutieuse et inquiétante de la menace russe – ingérences, cyberattaques, espionnage –, l’action gouvernementale apparaît insuffisante et décalée. L’accoutumance à cette guerre hybride risque de faire perdre les réflexes de sauvegarde, plongeant la France dans une vulnérabilité croissante.

L’urgence est nationale et européenne, mais les «onze objectifs stratégiques» de la RNS, identiques à ceux de 2022, révèlent un immobilisme préoccupant. La feuille de route, qui ressemble plus à un programme législatif qu’à un plan d’action concret, peine à masquer un contexte d’impasse budgétaire et de fragilité politique. La France, loin de conjurer les menaces, semble s’enfermer dans une rhétorique guerrière sans se donner les moyens de ses ambitions, laissant le pays dangereusement exposé.