
Malgré les promesses grandiloquentes d’Emmanuel Macron d’un gouvernement resserré, la réalité est, comme souvent, bien différente. Le gouvernement Attal, avec ses 35 membres, est un véritable mastodonte qui contredit ouvertement l’engagement présidentiel. Ce n’est pas moins de 21 équipes gouvernementales sous la Ve République qui ont été plus concises, rappelant l’échec cuisant de cette ambition de sobriété. La nomination initiale de seulement 11 ministres de plein exercice n’était qu’un leurre, rapidement balayé par l’ajout d’une liste complémentaire pléthorique, incluant ministres délégués et secrétaires d’État. Une manœuvre qui sent le compromis et le clientélisme, loin de l’efficacité promise.
Cette expansion est particulièrement frappante quand on la compare aux gouvernements précédents. Bien que légèrement moins garni que les équipes Castex et Borne (42 membres), le gouvernement Attal dépasse tout de même celui d’Édouard Philippe (30), démontrant une incapacité chronique à maintenir une structure gouvernementale agile. Seule consolation, et de courte durée, l’équipe Attal est plus resserrée pour les ministres de plein exercice, mais l’écart est minime. Une statistique qui ne trompe personne : la volonté affichée de « resserrer » n’a été qu’un vœu pieux, sacrifié sur l’autel des équilibres politiques complexes et des nominations à tout-va.
De plus, la composition de ce gouvernement révèle des pratiques routinières plutôt qu’un véritable renouvellement. Un tiers des ministres sont des élus d’Île-de-France, illustrant une concentration du pouvoir loin des réalités territoriales. La moitié des ministres ont conservé leur poste, signe d’un manque criant de nouveauté et d’une préférence pour la continuité plutôt que pour l’innovation. Un quart a simplement changé de portefeuille, une rotation interne qui ne trompe personne quant à la profondeur du changement. Seul un quart sont de « nouveaux » visages, un apport marginal qui ne masque pas le statu quo général. Cette composition, avec des personnalités comme Marie Lebec (33 ans) et Nicole Belloubet (68 ans), souligne un mélange des générations qui ne garantit en rien la modernité ou l’efficacité. La parité est certes globalement respectée, mais ce détail ne suffit pas à masquer les faiblesses structurelles et les compromissions de ce gouvernement.