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Le secteur de la défense française sollicite l'épargne des particuliers via des fonds risqués, soulevant des inquiétudes quant à la protection des investisseurs face à un marché volatil et imprévisible.

Face à un climat géopolitique de plus en plus tendu, le secteur de la défense française, porté par des géants comme Thales et Dassault, se tourne vers les épargnants. Une initiative de la Bpifrance, via des fonds dédiés, vise à combler le déficit de financement des petites et moyennes entreprises (PME) du secteur. Cependant, cette ouverture présente des risques non négligeables pour les investisseurs.

Le fonds Bpifrance Innovation Défense, lancé en 2021, a déjà attiré de nouveaux soutiens, portant sa capacité à 275 millions d’euros. Il cible des entreprises prometteuses dans les technologies duales (civiles et militaires), telles que Pasqal dans l’informatique quantique ou Exotrail dans les technologies spatiales, des paris technologiques audacieux et donc incertains. Ces startups, bien que cruciales pour l’innovation, sont intrinsèquement fragiles et leur succès n’est jamais garanti.

Plus préoccupant encore, la Bpifrance prévoit de lancer un FCPR (Fonds Commun de Placement à Risque) nommé Bpifrance Défense, accessible au grand public d’ici la fin de l’année, avec un objectif de collecte de 450 millions d’euros. Le ministre des Finances, Eric Lombard, a même mentionné la possibilité d’investir par tranches de 500 euros. Permettre à des épargnants individuels d’investir dans un fonds à risque, dont la performance est liée à un secteur aussi volatile et imprévisible que celui de la défense, soulève de sérieuses questions. La dépendance de ces entreprises aux carnets de commandes étatiques, soumis aux aléas budgétaires et politiques, rend ces placements particulièrement vulnérables. Les épargnants pourraient voir leur capital fondre en cas de revirement stratégique ou de coupes budgétaires.

Alors que la France cherche à renforcer sa souveraineté industrielle, cette sollicitation de l’épargne populaire pour un secteur aussi spécialisé et risqué pourrait se transformer en un piège financier pour ceux qui, mal informés, chercheraient à donner du sens à leur épargne sans en mesurer les véritables dangers.