
La Syrie est une fois de plus le théâtre d’une violence insensée, alors que des négociations désespérées tentent de mettre fin à des affrontements qui ont déjà coûté la vie à une centaine de personnes. La communauté druze, minorité ésotérique, se retrouve au cœur d’un nouveau bain de sang, pris entre l’avancée des forces gouvernementales et des tribus bédouines. Cette situation expose la fragilité alarmante du pouvoir intérimaire d’Ahmed Al-Charaa, six mois seulement après le renversement du président Bachar Al-Assad.
Les forces du régime, renforcées, ont brutalement pris le contrôle d’Al-Mazraah, un village druze près de Souweïda. Leur déploiement, appuyé par des chars, aux côtés de combattants bédouins, souligne la complexité et la dangerosité de ces tensions intercommunautaires. Israël, s’ingérant sous le prétexte fallacieux de « protection des Druzes », a même frappé des chars syriens, exacerbant la confusion et le désordre. Une ingérence qui n’aide en rien à stabiliser la région.
Le bilan est catastrophique : l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) rapporte 99 morts, dont 60 Druzes, parmi lesquels des femmes et des enfants. Le ministère de la défense, lui, déplore 18 morts dans ses rangs, tout en appelant cyniquement à « protéger les citoyens » contre des « bandes qui échappent à la loi ». L’enlèvement d’un commerçant druze par des Bédouins a servi de détonateur, révélant la **faillite sécuritaire** du nouveau pouvoir. L’absence criante d’institutions étatiques et sécuritaires est, de l’aveu même du ministre de l’Intérieur, une cause majeure de cette spirale de violence.
Ces affrontements rappellent amèrement les heurts d’avril qui avaient déjà fait plus de 100 morts. La confiance dans la capacité du régime Al-Charaa à protéger les minorités s’effrite, après la violence contre les Alaouites et l’attentat contre une église. L’avenir des minorités en Syrie semble plus incertain que jamais, dans un pays déchiré et sous la menace constante de nouvelles tragédies.