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La Commission européenne a publié des recommandations non contraignantes pour la protection des mineurs en ligne, une avancée jugée insuffisante pour endiguer les dangers du web. Chaque État pourra fixer l'âge minimum d'accès aux réseaux sociaux.

La Commission européenne a dévoilé ses « lignes directrices » pour la protection des mineurs en ligne, un texte qui, malgré l’attente, n’est qu’une série de recommandations non contraignantes. Cette initiative, présentée comme une avancée majeure, ne fait que suggérer aux plateformes de mettre en place des méthodes de vérification de l’âge pour restreindre l’accès aux contenus sensibles comme la pornographie ou les jeux de hasard. Une victoire pour la France, se réjouit la ministre déléguée au numérique, Clara Chappaz, bien que le texte n’impose aucune mesure concrète au niveau européen.

Cette situation révèle la frilosité de l’Union à imposer de véritables restrictions. Chaque État membre devra « déterminer dans son droit national un âge minimal d’accès aux réseaux sociaux », laissant une marge de manœuvre considérable aux géants du web. L’Arcom, le gendarme français du numérique, se félicite tout de même d’une « affirmation sans équivoque de l’obligation faite aux plateformes destinées aux adultes de vérifier effectivement l’âge de leurs utilisateurs ».

Malgré les appels à aller plus loin, ces lignes directrices ne sont qu’un « premier pas politique » insuffisant. La députée européenne Stéphanie Yon-Courtin déplore l’absence de contrainte juridique, soulignant l’urgence de « responsabiliser toutes les plateformes » et d' »accélérer les enquêtes ». Pendant ce temps, un projet pilote de vérification d’âge est lancé dans cinq pays, dont la France, via une application censée protéger les enfants. Un dispositif qui soulève des questions quant à son efficacité réelle et à sa capacité à contourner les réticences des plateformes.

La véritable difficulté réside dans l’application de ces mesures. Les réseaux sociaux, Meta en tête, rejettent la responsabilité sur les magasins d’applications comme Google et Apple, qui à leur tour renvoient la balle aux éditeurs. Un cercle vicieux qui risque de laisser les mineurs vulnérables aux dangers du web. Alors que des mesures comme la possibilité de bloquer plus facilement des utilisateurs ou de définir les comptes des mineurs en privé sont évoquées, l’absence de contraintes réelles laisse planer le doute sur une véritable « nouvelle ère pour la protection des mineurs en ligne ».