
Malgré des annonces triomphales sur une prétendue baisse historique de la mortalité en France en 2023, la réalité est bien plus sombre. Certes, les décès liés au Covid-19 ont (enfin) diminué, mais cette éclaircie masque des problèmes bien plus profonds et persistants. La France a enregistré 637 082 décès, soit 36 000 de moins qu’en 2022, un chiffre présenté comme « historiquement bas ». Une faible consolation quand on observe l’ampleur des défis sanitaires restants.
L’illusion d’une situation sous contrôle s’effondre face aux statistiques implacables : les cancers et les maladies cardio-neurovasculaires demeurent les véritables bourreaux, responsables d’une part sidérante des décès. Plus d’un quart des Français succombent au cancer, tandis qu’une personne sur cinq est fauchée par une maladie cardiaque ou un AVC. Ces chiffres, loin de rassurer, soulignent l’échec des politiques de prévention et de prise en charge face à ces fléaux. Même les maladies respiratoires, comme les pneumonies, maintiennent un niveau de mortalité préoccupant, persistant au-delà des tendances pré-Covid.
Mais le tableau s’assombrit encore davantage pour les plus jeunes. Chez les enfants de moins de 14 ans, les accidents de la vie courante ou des transports restent la première cause de décès, devançant même les tumeurs. Ces drames évitables représentent 70% des morts par causes externes, mettant en lumière des carences criantes en matière de sécurité et de sensibilisation. La hausse continue des décès par chute depuis 2022, en particulier chez les seniors, est un autre symptôme de l’incapacité à protéger nos populations les plus vulnérables.
Les disparités régionales sont une autre cicatrice béante de notre système. Les DROM, l’est et le nord de la France métropolitaine affichent une mortalité bien plus élevée, contrastant avec l’Île-de-France. À Mayotte, la mortalité due aux maladies infectieuses est 5,7 fois supérieure à la moyenne nationale, une tragédie due à des infections endémiques comme le paludisme et la tuberculose. Dans les zones rurales, les déserts médicaux aggravent la situation, condamnant davantage d’habitants à une mortalité précoce. En somme, derrière des chiffres en apparence encourageants, se cache une réalité alarmante : une France où les inégalités et les défaillances systémiques continuent de faucher des vies.