
Le couperet est enfin tombé pour l’industrie de la croisière à Barcelone. La municipalité, confrontée à une colère montante de ses habitants excédés par le surtourisme, a annoncé une réduction drastique de sa capacité d’accueil des navires d’ici 2030. Cette décision, saluée par beaucoup, est une reconnaissance tardive des ravages causés par un afflux incontrôlé de millions de croisiéristes. La ville, qui a vu le nombre de ces visiteurs exploser de 20% entre 2018 et 2024, cherche désespérément à juguler les nuisances insupportables.
Le plan, présenté comme une adaptation aux « standards de qualité et de durabilité les plus exigeants », implique la fermeture de trois terminaux existants et la construction d’un nouveau. Au final, Barcelone ne disposera plus que de cinq terminaux pour les bateaux de croisière, contre sept actuellement. Une mesure timide au regard des 3,65 millions de croisiéristes accueillis l’an dernier, faisant du port de Barcelone l’un des plus importants au monde. Le maire socialiste, Jaume Collboni, se félicite d’avoir enfin « fixé une limite » à cette croissance effrénée, un aveu implicite que la situation était devenue intenable.
Ces travaux, dont le coût s’élève à 185 millions d’euros, s’ajoutent aux 265 millions déjà engloutis dans le port depuis 2018. Un investissement colossal pour tenter de réparer les pots cassés d’un modèle touristique débridé. L’activité touristique représente près de 14% du PIB de Barcelone, mais ses effets pervers sont devenus la troisième préoccupation majeure de ses 1,6 million d’habitants. Entre la flambée des loyers, la disparition des commerces de proximité et la saturation des infrastructures, Barcelone se débat dans les affres d’un surtourisme qui la défigure et exaspère ses résidents.
Pendant des années, les habitants ont crié leur désarroi face à une ville transformée en parc d’attractions, avec des manifestations et des appels répétés à une régulation. Cette décision est un pas, certes tardif, mais nécessaire, pour tenter de sauver ce qui peut l’être d’une ville au bord de la rupture, dont le modèle touristique, basé sur la croissance à tout prix, a montré ses limites destructrices.