
La proposition de monétiser la cinquième semaine de congés payés, présentée comme un « droit nouveau » et une option « à la main de chaque salarié », suscite déjà une vive controverse. Alors que la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, tente de désamorcer les critiques en affirmant qu’il ne s’agit « absolument pas d’une décision unilatérale » du gouvernement, la réalité semble bien plus sombre. Cette mesure, prétendument soumise aux partenaires sociaux, est perçue comme une attaque directe contre les acquis sociaux, un véritable retour en arrière.
Le timing de l’annonce, discrètement glissée lors de la présentation des orientations budgétaires pour 2026, est particulièrement révélateur. Le fait que même le ministre des Finances, Eric Lombard, ait semblé la découvrir en direct, jette une lumière crue sur le manque de concertation et la précipitation de cette initiative. On cherche à faire passer en douce une mesure potentiellement explosive, sous couvert d’une illusion de liberté pour le salarié.
La pilule est amère pour les syndicats. Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, n’a pas mâché ses mots, qualifiant cette piste de « musée des horreurs ». Elle souligne avec justesse que le pouvoir d’achat ne doit pas être amélioré en rognant sur les congés, un droit fondamental. L’idée que les salariés devraient « se payer un peu plus de marge de manœuvre pour boucler les fins de mois » en sacrifiant leur repos est non seulement cynique, mais aussi profondément injuste.
Cette proposition s’inscrit dans une logique inquiétante de flexibilisation à outrance, où le travailleur est de plus en plus contraint de compenser les défaillances systémiques. L’argument d’un « droit supplémentaire » visant à la fois plus de travail et plus de pouvoir d’achat est fallacieux ; il masque mal une tentative de dérégulation qui, à terme, ne fera qu’aggraver la précarité. L’opposition politique est également unanime, dénonçant une régression sociale et un nivellement par le bas qui rappelle les heures les plus sombres de la politique économique.