
Alors que la France s’enfonce dans un déficit public abyssal, atteignant 5,8 % du PIB en 2024, le gouvernement exhorte chacun à « participer aux efforts ». Ironiquement, la Cour des comptes vient de publier son audit annuel des finances de l’Élysée pour 2024, révélant un excédent de 6,7 millions d’euros après un déficit de 8,3 millions l’année précédente. Une « bouffée d’air » trompeuse, car cette embellie budgétaire est principalement due à une augmentation colossale de la dotation présidentielle : 122,6 millions d’euros, soit une hausse de 11 % par rapport à 2023. Comment peut-on exiger des efforts du peuple tout en augmentant discrètement les fonds alloués au sommet de l’État ? Cette mascarade financière interpelle et laisse un goût amer.
Malgré les « progrès » salués par la Cour, des zones d’ombre subsistent. La gestion du personnel de sécurité et des logements de fonction continue de poser problème, avec un recours excessif aux heures supplémentaires. Les déplacements du président, bien que légèrement en baisse, restent une dépense conséquente de 20 millions d’euros en 2024, avec 94 voyages, dont 34 à l’étranger. Si l’Élysée se félicite d’une réduction des émissions de gaz à effet de serre, cela ne suffit pas à masquer le fait que l’institution a bénéficié d’une manne financière indécente, alors que le pays est étranglé par ses dettes. Le symbole est désastreux : tandis que les citoyens sont priés de se serrer la ceinture, le Palais continue de naviguer dans l’opulence.
La polémique sur l’augmentation du budget de l’Élysée, de l’Assemblée et du Sénat pour 2025 – initialement prévue avant d’être annulée face à la fureur publique – souligne l’hypocrisie ambiante. Comment espérer une adhésion populaire aux réformes drastiques lorsque l’exemplarité brille par son absence au sommet de l’État ? Le déficit public ne cesse de croître, mais les coupes budgétaires semblent épargner, voire favoriser, les sphères du pouvoir. Une situation qui non seulement trahit la confiance des citoyens, mais risque d’aggraver la fracture sociale.






