
L’intelligence artificielle, loin d’être une simple avancée technologique, se révèle être un véritable casse-tête pour le monde de l’éducation, poussant les écoles de commerce et d’ingénieurs à une course effrénée pour s’adapter. Les Mastères Spécialisés (MS) et Masters of Science (MSc) dédiés à l’IA prolifèrent, signe d’une panique générale face à la demande croissante des entreprises. Ces formations, souvent onéreuses, promettent monts et merveilles, mais cachent une réalité plus sombre : un besoin urgent de compétences spécifiques dans un domaine en constante mutation, laissant peu de place à l’improvisation.
Gianni Franchi, de l’ENSTA Paris, met en lumière cette pression, soulignant le « réel besoin des entreprises dans un domaine en plein essor qui demande de multiples compétences ». Leur MS IA multimodale et autonome, lancé en 2019, est l’un des pionniers, mais il s’adresse à des profils « très motivés » prêts à sacrifier un an de cours intensifs et six mois de stage pour une reconversion ou une spécialisation.
CentraleSupélec n’est pas en reste, ayant lancé en septembre un MS Executive Intelligence artificielle de confiance en partenariat avec l’IRT SystemX. L’objectif officiel est de développer une IA « éthique, avec des résultats explicables », une déclaration qui sonne creux quand on sait l’opacité grandissante des algorithmes. Frédéric Pascal de CentraleSupélec Exed admet que « l’on voit beaucoup de solutions dont on ne peut expliquer le parcours », révélant la complexité et les risques inhérents à ces technologies.
Ce foisonnement de formations, malgré les belles promesses d’employabilité et de salaires élevés, soulève une question cruciale : les établissements sont-ils vraiment prêts à former des professionnels capables de maîtriser une IA dont les dérives éthiques et techniques se manifestent déjà ? L’avenir de l’emploi et de la société pourrait bien dépendre de cette course effrénée, où le risque d’une formation inadaptée et d’une main-d’œuvre mal préparée est omniprésent.