French-savings-crisis
L'épargne française, jugée « abondante » par la Banque de France, cache en réalité une incertitude économique croissante. La baisse des taux et le ralentissement du Livret A révèlent une situation précaire pour les ménages. Le bilan masque des chiffres alarmants sur le pouvoir d'achat.

Malgré les déclarations optimistes du gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, sur une épargne « abondante », la vérité est tout autre. Les chiffres, manipulés ou mal interprétés, masquent une réalité plus sombre pour les ménages français. Avec un taux d’épargne global maintenu à 18 %, loin des 15 % pré-Covid, cette stagnation révèle surtout une incertitude économique persistante, poussant les Français à amasser plutôt qu’à investir.

Les 956 milliards d’euros d’encours sur les produits réglementés en 2024, bien qu’en hausse de 2,2 %, représentent une faible progression. Ce montant, ne constituant que 15 % du patrimoine financier des ménages, est éclipsé par les actions et surtout l’assurance-vie, qui dominent le paysage financier. La « performance » affichée n’est qu’un voile sur la fragilité du pouvoir d’achat et la méfiance envers un système financier jugé peu rémunérateur.

L’annonce récente de la baisse des taux du Livret A (de 2,4 % à 1,7 %) et du LEP (de 3,5 % à 2,7 %) est un coup dur déguisé. Présentée comme un moyen de « rester au-dessus de l’inflation », cette décision est une pilule amère. Elle réduit encore le maigre rendement de l’épargne populaire, rendant plus difficile la préservation du capital face à une inflation certes en baisse, mais toujours corrosive.

Le Livret A, malgré sa large diffusion, connaît un ralentissement inquiétant. La diminution des versements et l’augmentation des retraits ont entraîné une collecte nette annuelle de seulement 15 milliards d’euros, bien en deçà de la moyenne de 28 milliards entre 2020 et 2023. Cette chute brutale de l’activité témoigne d’une désaffection grandissante, ou pire, d’une nécessité pour de nombreux foyers de puiser dans leurs réserves pour faire face aux difficultés quotidiennes. L’abondance proclamée par la Banque de France n’est qu’un trompe-l’œil, masquant une réalité bien plus précaire pour une large partie de la population.