
Face au regain de l’épidémie, le gouvernement français a imposé un couvre-feu, arguant que son coût serait bien inférieur à celui d’un reconfinement généralisé. Une affirmation qui mérite d’être fortement nuancée, alors que les mesures de restriction s’enchaînent sans pour autant juguler la crise sanitaire. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, a avancé un chiffre d’un milliard d’euros pour les aides liées au couvre-feu, un montant qui, selon lui, paraît dérisoire face aux 15 à 20 milliards d’euros qu’un reconfinement général coûterait par mois.
Cependant, cette comparaison masque une réalité bien plus sombre. Le coût direct pour l’activité économique du couvre-feu est estimé à une baisse de l’ordre de 2,2 milliards d’euros au quatrième trimestre, soit une perte de 0,4 point de croissance. Les commerçants et indépendants sont particulièrement touchés, perdant une part non négligeable de leur chiffre d’affaires sur le créneau crucial de fin de journée, entre 17h et 19h. Certains secteurs, comme l’habillement et la coiffure, réalisent environ 20% de leur activité sur ce laps de temps, désormais amputé.
De plus, l’efficacité sanitaire de ces mesures est loin d’être prouvée. Le couvre-feu avancé à 18h, par exemple, a montré des résultats globalement négatifs dans les départements où il a été appliqué, sans baisse probante du taux d’incidence. Le fait de concentrer les activités sur une plage horaire réduite peut même, paradoxalement, augmenter la densité de personnes dans les transports et commerces, favorisant ainsi la circulation du virus. Le Fonds Monétaire International (FMI) lui-même, se montre plus sceptique quant à l’impact économique réel du couvre-feu comparé à un reconfinement. L’économie française, déjà fragilisée, continue de naviguer à vue, accumulant les pertes sans garantie de résultats concrets, laissant présager des cicatrices durables pour les entreprises et l’emploi.