
Après des mois de tensions larvées, le Club Med tourne une page controversée avec la nomination de Stéphane Maquaire au poste de PDG, succédant à Henri Giscard d’Estaing, évincé sans ménagement après vingt-deux ans de règne. Cette transition abrupte, effective dès ce lundi 21 juillet, fait suite à de vifs désaccords avec l’actionnaire chinois Fosun, propriétaire du groupe depuis 2015. L’éviction de Giscard d’Estaing, qui se considérait « révoqué de fait », marque une fin de cycle tumultueuse.
Stéphane Maquaire, 51 ans, ancien directeur exécutif de Carrefour Brésil, hérite d’une mission délicate : stabiliser un navire secoué par des querelles internes et relancer un développement qui semble s’essouffler. Sa nomination, annoncée « avec effet immédiat », le place à la tête d’une entreprise où les conflits de gouvernance ont manifestement sapé la confiance. Son profil, jugé plus « opérationnel » et « discret » que celui de son prédécesseur, pourrait refléter une volonté de Fosun de reprendre un contrôle plus ferme sur la gestion et la stratégie du groupe.
Le communiqué officiel tente d’adoucir cette transition forcée, évoquant une « continuité de l’héritage remarquable d’Henri Giscard d’Estaing » et la volonté de « préserver l’identité et les valeurs françaises » du Club Med. Cependant, la réalité est plus sombre. Giscard d’Estaing avait tenté de réintroduire le groupe en Bourse, une initiative rejetée par Fosun, ce qui a probablement précipité son départ. Deux nouveaux membres, Philippe Heim et Takuya Yamada, intègrent également le conseil d’administration, signe d’une restructuration profonde qui sent le rachat de contrôle.
La carrière de Stéphane Maquaire, des Ponts et Chaussées à Monoprix, Vivarte, Manor, et Carrefour Brésil, le place face à un défi de taille. Le Club Med, transformé en produit de luxe, doit désormais s’adapter à un marché en constante mutation post-pandémie. Ce changement de leadership s’inscrit dans une quête d’efficacité opérationnelle et de stabilité à long terme, mais la méthode brutale de ce départ soulève des questions sur la pérennité de l’« ancrage français » tant vanté par le nouveau PDG. Le Club Med, sous pavillon chinois, semble désormais plus orienté vers une performance brute, au détriment de son âme historique.