
Dans l’enclave palestinienne, le calvaire des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP) révèle une réalité sidérante : la faim est devenue une menace plus insoutenable que les bombardements. Des figures telles que Bashar Taleb et Omar Al-Qattaa, pourtant nommés au prix Pulitzer, confessent leur épuisement total. Ils arpentent les ruines, non plus pour la nouvelle, mais pour une quête désespérée de nourriture pour leurs familles, avouant se sentir « complètement abattus ».
La situation est critique. Omar Al-Qattaa, par exemple, endure des douleurs chroniques sans accès aux médicaments essentiels, aggravées par une carence nutritive alarmante. Khadr Al-Zanoun, lui, a perdu 30 kilos, victime d’évanouissements à répétition et d’une « fatigue extrême », rendant son travail quasiment impossible. Eyad Baba, déplacé, doit faire face à des loyers exorbitants pour loger sa famille, tout en martelant que « la douleur de la faim est plus forte que la peur des bombardements ».
Le tableau s’assombrit avec une crise de liquidités terrifiante. Ahlam Afana, journaliste AFP, dénonce des frais bancaires exorbitants et une inflation délirante. Retirer son propre argent coûte jusqu’à 45% de frais ! Les prix des denrées de base ont explosé, rendant inaccessibles farine, riz ou sucre. Un kilo de farine peut atteindre 150 shekels israéliens, une somme dérisoire face aux salaires et aux besoins vitaux. La simple idée d’acheter des fruits est devenue un luxe révolu.
Les conditions de travail sont devenues inhumaines. Ahlam Afana témoigne travailler depuis une tente délabrée, sous une chaleur écrasante, tandis que le vidéaste Youssef Hassouna continue d’exercer malgré le « profond vide intérieur » causé par la perte de ses proches. Zouheir Abou Atileh, ancien collaborateur, résume cette tragédie : « Je préfère la mort à cette vie. » L’indignité de cette situation soulève des questions sur le sort des civils et des professionnels de l’information pris au piège d’une catastrophe humanitaire sans précédent.