
Malgré des années de scandale et de lutte, le dossier de la Dépakine et de ses dérivés semble loin d’être clos. Si les prescriptions de valproate aux femmes enceintes ont drastiquement chuté entre 2013 et 2021, une nouvelle étude d’Epi-phare révèle une tendance alarmante : la montée en flèche d’autres antiépileptiques aux effets incertains. Une avancée qui cache une inquiétante régression sanitaire.
La baisse notable de l’exposition à l’acide valproïque et au valpromide, connus pour leurs risques de malformations congénitales et de troubles neurodéveloppementaux graves chez l’enfant, est certes un progrès. Cette diminution, de plus de 80 % pour le valproate, résulte d’une prise de conscience forcée et d’un encadrement plus strict. Pourtant, l’étude met en lumière un nouveau péril : l’augmentation des prescriptions de molécules comme la prégabaline et la gabapentine, dont le profil de sécurité durant la grossesse est loin d’être établi.
Près de 56 000 grossesses ont été exposées à au moins un antiépileptique entre 2013 et 2021 en France. Pire encore, cette hausse ne concerne pas uniquement les femmes épileptiques, signalant une utilisation potentiellement inappropriée de ces traitements. Alors que le combat contre les méfaits de la Dépakine était loin d’être gagné – rappelons le nombre effarant d’enfants victimes –, cette substitution par des médicaments à l’innocuité douteuse crée une nouvelle bombe à retardement sanitaire. L’histoire se répète, mais avec des acteurs différents, et toujours au détriment des plus vulnérables.