
Le 29 avril dernier, un personnage invisible mais omniprésent a fait son entrée fracassante à l’Assemblée nationale : « Nicolas ». Brandi par le député UDR Gérault Verny, ce « Nicolas » fictif incarne, selon l’élu ciottiste, le contribuable assailli, silencieusement « spolié » par un État insatiable. Une mise en scène cynique pour dénoncer une fiscalité jugée oppressive, alors même que le gouvernement cherche désespérément 40 milliards d’euros d’économies pour boucler son budget 2026.
L’affaire ne s’arrête pas là. Le 20 juin, la société Artefakt, dont Gérault Verny est actionnaire, a officiellement déposé la marque « C’est Nicolas qui paie » auprès de l’Institut national de la propriété industrielle (INPI). Erik Tegner, président d’Artefakt et directeur de la rédaction de Frontières – un média d’extrême droite où Verny a également des intérêts – prétend vouloir « sanctuariser » la marque face aux « trolls gauchistes ». Une initiative dérisoire pour un slogan qui, selon Attac, est une « manipulation » visant à instrumentaliser le ras-le-bol fiscal et à entretenir des peurs, notamment à l’encontre des immigrés.
Cette récupération d’un « meme » populaire sur les réseaux sociaux, souvent teinté d’idéologie libertarienne et de représentations racistes, confirme l’ancrage de l’extrême droite dans une rhétorique anti-fiscale. Derrière la figure du « jeune actif diplômé » censé payer pour « les autres », se dessine une stratégie de communication politique visant à décrédibiliser l’État et ses dépenses, quitte à diffuser des informations trompeuses sur les bénéfices des services publics.
Alors que le pays est confronté à une « situation extrêmement grave des finances » et à un « défi colossal » pour restaurer l’équilibre budgétaire, comme l’a souligné Laurent Wauquiez, cette manœuvre de l’UDR et de ses alliés ne fait qu’alimenter une défiance déjà bien présente, sans proposer de véritables solutions. La droite, par l’entremise de « Nicolas », transforme le débat fiscal en un lamentable spectacle politique, au détriment des véritables enjeux.






