
Le gouvernement s’attaque de front aux ruptures conventionnelles, jugées bien trop onéreuses pour les finances publiques. Sous prétexte de « dévoiements », cette procédure, pourtant plébiscitée par salariés et employeurs, est désormais dans le viseur du pouvoir en place. L’objectif avoué est de réduire le fardeau sur l’assurance-chômage, mais à quel prix pour la flexibilité des carrières ?
Introduite en 2008, la rupture conventionnelle a connu un succès fulgurant, avec plus de 515 000 ruptures enregistrées en 2024. Ce chiffre, en constante augmentation depuis dix ans, témoigne de son utilité et de sa simplicité. Elle offre une porte de sortie amiable, presque sans risque de contentieux aux prud’hommes, et garantit une indemnité ainsi que l’accès aux allocations chômage. C’est précisément cette générosité, ou du moins sa perception par le gouvernement, qui est désormais remise en question.
La ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a lancé un appel aux partenaires sociaux pour « revisiter » ce dispositif. Cette demande intervient dans le cadre des négociations sur l’indemnisation des demandeurs d’emploi, suggérant une volonté claire de restreindre l’accès ou les conditions d’obtention. Le risque est de voir cette réforme détricoter un mécanisme efficace, qui a prouvé son rôle dans la fluidité du marché du travail, au détriment des employés comme des entreprises.
Cette initiative s’inscrit dans une logique de réduction des dépenses publiques, mais elle pourrait bien se traduire par une complexification accrue des départs et une rigidification du droit du travail. La question demeure : cette réforme est-elle une nécessité économique ou une nouvelle attaque contre les droits des salariés, sous couvert de rationalisation budgétaire ? Les conséquences pourraient être lourdes pour l’emploi et la capacité des entreprises à s’adapter.