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La fuite fiscale des jeunes actifs, présentée comme une revanche, masque une confusion dramatique entre révolte et égoïsme, alimentée par des discours anciens. Un symptôme alarmant.

La génération actuelle, celle des jeunes actifs, se retrouve prise au piège d’un système fiscal qui l’étrangle. Loin d’être cynique, elle est plutôt lucide et profondément dégoûtée. On lui demande de financer un modèle qui se vide de sa substance, sans aucune promesse de retour. Cette situation pousse certains à envisager de ‘se retirer du jeu’, une tentation compréhensible face à l’injustice.

Pourtant, ce désir de rébellion, souvent mis en scène sur les réseaux sociaux comme une ‘revanche fiscale’, n’est pas une prise de conscience politique. C’est un symptôme alarmant d’une confusion entre révolte et simple fuite, entre justice et confort personnel. C’est le syndrome du passager sur un yacht en difficulté, qui, pensant que la mer s’est liguée contre lui, refuse de financer l’entretien du navire tout en continuant à en jouir.

Ce discours, qui prétend ériger l’égoïsme en une nouvelle forme de lucidité, est tout sauf spontané. Il est insidieusement orchestré. Derrière des slogans apparemment modernes et une esthétique ‘cool’ se cache une rhétorique politique éculée : celle qui stigmatise l’impôt comme une punition, la solidarité comme une aberration et l’État comme une entité hostile dont il faudrait se libérer à tout prix. Ces idées, bien loin d’être novatrices, sont des tactiques recyclées de la droite libérale. Historiquement, la droite libérale a déjà tenté de baisser les impôts et les dépenses publiques, comme lors du gouvernement Chirac en 1986-1988 . Aujourd’hui, elle continue de promettre de défendre les ‘nouvelles classes moyennes’ mais ne fait qu’ouvrir la voie à une désolidarisation systémique, menant inévitablement à une brutalité sociale accrue.