
Le Royaume-Uni, acculé par une vague migratoire sans précédent, vient de frapper un grand coup contre les réseaux de passeurs. Vingt-cinq individus et entités, responsables de l’arrivée de près de 170 000 clandestins depuis 2018, ont été sanctionnés. Cette mesure inédite, qui inclut gels d’avoirs et interdictions de séjour, est présentée comme une étape cruciale pour endiguer le chaos migratoire. Le Premier ministre Keir Starmer, sous pression croissante, avait promis de « détruire les réseaux », mais l’efficacité de cette stratégie reste à démontrer face à la complexité du problème.
Parmi les cibles de ces sanctions figurent des figures obscures, d’un chef de clan maghrébin aux « méthodes violentes » à un ancien traducteur de la police serbe, Alen Basil, qui aurait pris la tête d’un vaste réseau de trafic. Même une entreprise chinoise, Weihai Yamar Outdoors Product Co, est épinglée pour la fabrication de canots pneumatiques dont elle promeut l’usage pour les traversées illégales de la Manche. Ces révélations mettent en lumière la portée internationale et la nature impitoyable de ces opérations criminelles. Le gouvernement cible également un « banquier hawala », Muhammed Khadir Pirot, accusé de financer des passages clandestins depuis le Kurdistan irakien vers l’Europe via la Turquie.
Cependant, malgré la rhétorique gouvernementale de « cibler les passeurs partout où ils se trouvent », des experts expriment un certain scepticisme. Tom Keatinge du Royal United Services Institute de Londres, bien que saluant la démarche, a averti contre des « promesses excessives », soulignant que l’impact réel de ces sanctions est « à prouver ». La réalité est que les réseaux de passeurs s’adaptent constamment, et le système Hawala est notoirement opaque, rendant la traque financière extrêmement difficile. Les traversées ont déjà fait 17 morts cette année, un bilan tragique qui ne cesse de s’alourdir, malgré les efforts annoncés.
Face à une immigration clandestine record, avec plus de 23 500 arrivées par la Manche depuis le début de l’année, le gouvernement travailliste est sous une pression intense. Le souvenir des émeutes anti-immigration de l’été dernier à Southport, suite au meurtre de trois fillettes, pèse lourdement sur le débat public. Si un accord migratoire avec la France a été évoqué pour le renvoi de migrants, la situation demeure critique, et ces sanctions, bien que symboliques, pourraient ne pas suffire à juguler un problème profondément enraciné, alimenté par la misère et le désespoir.