
Des chercheurs ont mis au point un test génétique capable d’anticiper le risque d’obésité dès la petite enfance, une avancée qui, si elle offre de nouvelles perspectives, soulève également des questions éthiques profondes. L’étude, menée par les Universités de Copenhague et de Bristol, prétend prédire l’évolution de l’indice de masse corporelle (IMC) et le risque d’obésité dès la naissance et jusqu’à l’âge adulte. Cette prouesse technologique, bien que saluée par ses concepteurs comme un « début » prometteur, pourrait paradoxalement générer une anxiété précoce chez les parents et stigmatiser les enfants avant même qu’ils ne développent des problèmes de poids.
La généticienne Ruth Loos, à la tête de cette recherche, insiste sur la nature multifactorielle de l’obésité, décomptant pas moins de 9000 variants génétiques ayant chacun un rôle minime. Cependant, la complexité de cette maladie ne semble pas freiner l’enthousiasme pour un outil qui pourrait, à terme, influencer des décisions cruciales concernant la vie des enfants. L’application concrète d’un tel test reste incertaine et pourrait mener à une pression sociale accrue sur les familles, les poussant à adopter des régimes restrictifs ou des modes de vie particuliers, basés sur une prédiction plutôt que sur une réalité établie.
Si l’objectif affiché est de fournir des interventions préventives, le risque est grand de créer des catégories d’enfants « à risque » dès le berceau, avec toutes les conséquences psychologiques que cela implique. L’aspect prédictif de l’obésité, aussi fascinant soit-il sur le plan scientifique, pourrait bien devenir une source de discrimination et de préjugés. Plutôt que de se focaliser sur des solutions simples basées sur la génétique, ne devrions-nous pas plutôt nous attaquer aux racines profondes de l’obésité, souvent liées à des facteurs socio-économiques et environnementaux, dont la complexité est bien supérieure à celle de milliers de variants génétiques individuels ?