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Un nouvel outil de dépistage expérimental pour les maladies cardiaques soulève des questions sur la fiabilité et la sur-médicalisation. Coûts élevés et accès limité sont en jeu.

Un nouvel outil de dépistage expérimental promet de révolutionner l’identification des maladies cardiaques structurelles, souvent silencieuses et dévastatrices. Alors que ces pathologies, incluant les affections des muscles et des valves cardiaques, exigent un suivi rigoureux, leur détection repose jusqu’à présent sur des examens coûteux et invasifs, comme l’échocardiogramme. Cet examen, facturé environ 96,49 euros en France, peut atteindre des sommets aux États-Unis, oscillant entre 1 000 et 3 000 dollars, un frein majeur à un dépistage précoce généralisé.

Le cardiologue Jérôme Roncalli du CHU de Rangueuil souligne la diversité de ces pathologies qui impactent lourdement la santé publique. Actuellement, les échocardiogrammes sont réservés aux patients présentant des symptômes critiques, tels que l’incapacité à faire de l’exercice ou des douleurs en position allongée, comme l’explique Pierre Elias de l’université de Columbia. Ce processus long et fastidieux – une heure pour capturer une centaine de séquences vidéo des structures cardiaques – limite drastiquement l’accès à un diagnostic vital.

Ce nouvel outil, basé sur l’intelligence artificielle, promet de surmonter ces obstacles en permettant une détection plus large et moins contraignante via l’électrocardiogramme (ECG). Si cette avancée est louable, elle soulève des questions quant à la fiabilité à long terme de ces technologies et leur potentiel à créer une dépendance au dépistage, transformant chaque individu en patient potentiel. Le piège pourrait résider dans une sur-médicalisation, où la prévention, pourtant essentielle, se mue en une anxiété constante face à des risques qui n’auraient jamais été identifiés auparavant. La promesse d’une meilleure santé cache-t-elle une nouvelle forme de servitude numérique et médicale ?