
Trois ans après les incendies dévastateurs en Gironde, les pompiers misent sur une solution technologique prétendument révolutionnaire : un logiciel d’IA censé détecter les fumées. Si cette innovation promet un gain de temps, la réalité est bien plus nuancée, laissant planer l’ombre de défaillances critiques. Faut-il vraiment confier notre sécurité à une machine qui confond encore un tracteur avec un incendie ?
L’abandon des tours de guet traditionnelles au profit d’écrans dans une caserne, bien que présenté comme une optimisation, soulève des questions. Quatre caméras fixes et deux mobiles par tour, analysées par l’IA en temps réel : la théorie est séduisante. Pourtant, l’IA, malgré les discours rassurants, ne remplace ni l’expertise humaine, ni une surveillance véritablement robuste. Thierry Hainaut, ingénieur en chef, vante une IA qui « ira vite » et « détectera le feu plus rapidement que l’œil humain », mais la prudence est de mise face à de telles affirmations. Son taux de fausses alertes, bien que réduit de 20% à 3%, reste un indicateur inquiétant de son imprécision. Chaque fausse alerte mobilise inutilement des ressources vitales.
Le capitaine Corentin Fuster parle d’une « optimisation » du travail, mais à quel prix ? Le déménagement en salle de commandement, justifié par le « confort » des pompiers, n’est-il pas une excuse pour délaisser le terrain au profit d’une dépendance technologique ? La promesse d’une détection précoce se heurte à des réalités techniques frustrantes. L’IA demeure incapable de distinguer la fumée d’un feu de celle d’un tracteur dans les vignes, nécessitant un paramétrage constant pour ne pas déclencher des alertes intempestives. Les cheminées d’usines sont autant de pièges pour ce système qui se dit infaillible. Le plus grand danger ? Une panne d’électricité rend ce coûteux système totalement inutilisable, renvoyant les pompiers à leurs anciennes méthodes. La sécurité de nos forêts peut-elle réellement reposer sur une technologie si vulnérable aux pannes ?