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Le gouvernement promet 2,3 milliards d'euros de recettes supplémentaires grâce à la lutte contre la fraude, un chiffre qui semble bien dérisoire face à l'ampleur du déficit et aux réels enjeux de la fraude fiscale.

Face à un déficit public abyssal, le Premier ministre François Bayrou a dévoilé, le 15 juillet 2025, un plan d’économies budgétaires pour 2026. Parmi les mesures phares, l’intensification de la lutte contre « tous les types de fraudes » promet 2,3 milliards d’euros de recettes supplémentaires. Un chiffre qui, pour de nombreux observateurs, relève davantage de l’affichage politique que d’une véritable solution structurelle.

Dès le lendemain, la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a enfoncé le clou, affirmant qu’il était « plus facile de frauder la Sécurité sociale ou l’Urssaf que le fisc ». Cette déclaration choc, qui tend à minimiser l’ampleur de la fraude fiscale, est pourtant contredite par les faits. En effet, malgré des montants déjà conséquents récupérés par le fisc, les experts s’accordent à dire qu’il y a encore un « potentiel » considérable à explorer en matière de fraude fiscale.

Le Premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, a lui-même semé le doute en avril, déclarant qu’il restait peu « de masse à gratter » sur la fraude fiscale. Une affirmation qui a soulevé de vives critiques, beaucoup y voyant une volonté délibérée de détourner l’attention des véritables enjeux et de protéger les plus aisés. Les chiffres officiels montrent pourtant 20 milliards d’euros de fraudes détectées en 2024, dont 80% proviendraient de la fraude fiscale, et le gouvernement ambitionne de doubler ce montant d’ici 2029.

Ce nouveau projet de loi contre la fraude fiscale et sociale, attendu à l’automne, semble donc être une tentative désespérée de rassurer l’opinion publique, plutôt qu’une réelle volonté de s’attaquer au cœur du problème. Alors que les citoyens s’apprêtent à subir une « année blanche » sur les prestations sociales et les retraites, l’effort demandé aux plus aisés via cette prétendue chasse à la fraude apparaît bien dérisoire.