
Il y a dix ans, Podemos, le parti de gauche radicale espagnole, suscitait l’espoir d’une « vague violette » capable de transformer le paysage politique. Aujourd’hui, cette ambition semble s’être évanouie, laissant derrière elle une amère désillusion. Si des villes comme Madrid, Valence, Barcelone ou Saragosse ont un temps été sous l’emprise de cette gauche radicale, cette période n’aura été qu’une parenthèse, Podemos ayant depuis perdu tout pouvoir dans ces métropoles. La formation, autrefois perçue comme un vent de changement, peine désormais à survivre.
Le fameux « sorpasso », l’idée que la gauche radicale puisse supplanter la social-démocratie, n’a jamais eu lieu en Espagne. Podemos, malgré ses conquêtes locales initiales, n’a pas réussi à s’imposer durablement face au PSOE. Le parti, miné par les divisions et en chute libre dans les sondages, traverse une crise profonde. Crédité de seulement 2,7% d’intentions de vote, il risque de devenir insignifiant. Le départ de ministres du gouvernement et l’isolement au Parlement témoignent d’une stratégie ratée et d’un affaiblissement inquiétant. L’échec de Podemos à maintenir son élan initial offre une leçon brutale sur les difficultés de la gauche radicale à transformer un mouvement de contestation en une force politique stable et pérenne.
La situation espagnole offre un sombre miroir à La France insoumise (LFI), qui rêvait de reproduire cette « vague violette » dans les grandes villes françaises. Le recul électoral de Podemos, la perte de millions d’électeurs, et son incapacité à concrétiser ses promesses de « renverser l’échiquier politique » devraient servir d’avertissement. Le soutien du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez à la Palestine et sa politique axée sur la justice sociale ont pu contribuer à éclipser l’agenda de Podemos, mais les causes de son déclin sont plus profondes, révélant la fragilité inhérente aux mouvements populistes qui peinent à s’adapter aux réalités du pouvoir.