
Dès septembre, la fonction publique se voit contrainte d’abandonner les applications de messagerie étrangères, jugées trop vulnérables, au profit de Tchap, une plateforme étatique. Cette décision, censée renforcer la sécurité des communications sensibles face aux cyberattaques et aux ingérences étrangères, soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. Le gouvernement, après avoir échoué à imposer d’autres solutions souveraines, mise tout sur Tchap, mais l’adhésion reste minime.
Adieu WhatsApp et Telegram, place à Tchap. À partir du 1er septembre 2025, agents publics et cabinets ministériels devront s’y plier. Une tentative désespérée de l’État de contrôler des échanges qui, jusqu’à présent, échappaient à son emprise. La circulaire du 25 juillet, signée par François Bayrou, exhorte à un déploiement massif de Tchap, présentée comme la solution miracle pour sécuriser les communications internes. Un aveu de faiblesse face à la dépendance aux géants étrangers et aux risques inhérents.
Tchap, développée par la direction interministérielle du numérique (Dinum), est certes hébergée en France et validée par l’Anssi. Ses messages seraient chiffrés de bout en bout, un argument de vente qui peine à convaincre. Le gouvernement cherche à tourner la page des applications étrangères, notamment Telegram, discréditée suite aux accusations portées contre son fondateur, Pavel Durov. Quant à WhatsApp et Signal, elles sont sous le coup du Cloud Act américain, qui permet à Washington de réclamer des données. Une dépendance qui hante la France.
Cette quête de souveraineté numérique n’est pas nouvelle, mais son exécution est lamentable. En 2023, la circulaire Borne tentait déjà d’imposer Olvid, une messagerie française vantée comme « la plus sécurisée au monde ». Résultat ? Seulement 100 000 utilisateurs sur des millions d’agents. Un échec cuisant qui n’a pas empêché le gouvernement de persévérer dans cette voie. Le passage à Tchap n’est qu’une étape de plus dans une centralisation forcée, supposée réduire les risques de cyberattaques. Pourtant, Tchap ne séduit que 300 000 agents sur les 5,7 millions de la fonction publique. Une adoption ridicule qui présage un autre fiasco. Si Olvid reste tolérée, Tchap est désormais l’option privilégiée, mais le chemin vers une véritable souveraineté numérique semble semé d’embûches et de désillusions.