
Des milliers d’Ivoiriens ont envahi les rues d’Abidjan pour exprimer leur colère face à une mascarade électorale annoncée. La mobilisation, orchestrée par le Front commun, rassemble le PDCI et le PPA-CI, unis dans un même désespoir. Leurs chefs, Tidjane Thiam et Laurent Gbagbo, ont été cyniquement écartés de la course présidentielle par des décisions de justice plus que douteuses : l’un pour une obscure question de nationalité, l’autre pour une condamnation pénale qui sent le règlement de comptes politique.
« C’est une mobilisation historique qui montre que le peuple de Côte d’Ivoire est debout face à l’intransigeance », a déclaré Noël Akossi Bendjo, vice-président du PDCI. Un avertissement clair à un pouvoir qui semble sourd aux revendications populaires. Le quatrième mandat « anticonstitutionnel » d’Alassane Ouattara plane comme une menace sur la démocratie ivoirienne, et l’opposition réclame désespérément la réinscription de ses leaders sur les listes électorales. Un vœu pieux face à la détermination du pouvoir en place.
Malgré le calme apparent de la manifestation, la tension reste palpable. L’opposition dénonce un « harcèlement » et des « enlèvements » de ses membres, des accusations balayées d’un revers de main par les autorités. Pendant ce temps, Ouattara, fort de sa réinterprétation contestée de la Constitution, s’accroche au pouvoir, arguant que le « compteur des mandats » a été remis à zéro. Une manœuvre qui indigne et qui laisse présager une élection où la légitimité sera la grande perdante.
À moins de trois mois du scrutin, le climat politique est délétère. Guillaume Soro et Charles Blé Goudé, figures de l’opposition, sont également écartés, renforçant le sentiment d’une élection jouée d’avance. Tandis que les candidats tentent de recueillir les parrainages nécessaires, l’ombre du Conseil constitutionnel plane, prêt à valider un scrutin qui s’annonce comme une nouvelle étape dans le déni démocratique.