Le conflit en Ukraine, loin de n’affecter que l’Europe, a des répercussions désastreuses et inattendues jusqu’en Asie, propulsant la Corée du Nord vers une position de force inquiétante. Selon Kyrylo Boudanov, le chef du renseignement militaire ukrainien, le régime de Pyongyang émerge considérablement renforcé de cette guerre, ayant acquis une expérience de combat cruciale, un accès à des technologies militaires de pointe et une formation tactique inestimable. Cette alliance avec Moscou ne se contente pas d’influencer le cours du conflit en Europe ; elle menace de bouleverser l’équilibre des forces en Asie du Nord-Est, créant une nouvelle dynamique de danger.
Boudanov a souligné un fait alarmant : seuls trois pays au monde possèdent actuellement une expérience de guerre moderne sur un front étendu, utilisant quasiment toutes les ressources conventionnelles disponibles : l’Ukraine, la Russie et la Corée du Nord. Pyongyang a envoyé environ 12 000 soldats l’année dernière pour soutenir les efforts russes dans l’oblast de Koursk, et malgré un lourd bilan de près de 5 000 morts ou blessés, les troupes nord-coréennes restent activement engagées. Cette hécatombe, initialement due à un manque de préparation aux réalités de la guerre du XXIe siècle et à une coordination déplorable avec les forces russes, y compris des tirs amis tragiques, n’a fait que renforcer leur adaptabilité.
Les Nord-Coréens ont, en effet, rapidement évolué. Ils ont assimilé les tactiques modernes, opérant en petits groupes et maîtrisant l’usage et la protection contre les drones. La Corée du Nord aurait même reconstitué ses effectifs en Russie, atteignant à nouveau environ 12 000 soldats, avec des rumeurs persistantes de déploiements supplémentaires. Au-delà des troupes, le soutien de Pyongyang à Moscou est colossal : la Corée du Nord fournirait 40% des munitions de 122 mm et 152 mm de l’armée russe. Des centaines de systèmes d’artillerie, de lance-roquettes multiples et de missiles ont également été livrés, dont le missile KN-23, dont la précision, initialement désastreuse, a été considérablement améliorée grâce à l’expertise russe.
Les conséquences sont terrifiantes. Ces enseignements sont désormais diffusés à l’ensemble des 1,3 million de soldats nord-coréens. La Russie forme l’armée nord-coréenne à l’utilisation de drones de combat et de systèmes de défense aérienne, et aide même à la production locale de drones de type Shahed. Des systèmes de guerre électronique et des Pantsir-S1 ont été livrés à Pyongyang, et des officiers nord-coréens suivent des formations avancées en Russie. Cette coopération militaire, qui inclut une potentielle aide russe dans le domaine spatial, a un impact négatif indéniable sur la sécurité dans la région Pacifique, transformant la Corée du Nord en une menace bien plus redoutable.
