
Quatre ans après leur prise de pouvoir, les talibans célèbrent leur « jour de la Victoire » en Afghanistan, mais le tableau est loin d’être idyllique. Tandis que des parades grandioses et des lâchers de fleurs par hélicoptère sont annoncés à Kaboul pour masquer une réalité sombre, la communauté internationale maintient majoritairement son exclusion face à un régime dont la brutalité ne cesse de s’intensifier, particulièrement envers les femmes.
La répression s’est ancrée dans le quotidien afghan. Les talibans, sous couvert d’une interprétation ultra-rigoriste de la loi islamique, ont émis une série de décrets liberticides. Les femmes sont les principales victimes, bannies des universités, des salles de sport, des instituts de beauté, des parcs et de nombreux emplois. Elles sont confrontées à une véritable persécution de genre, qualifiée de « crime contre l’humanité » par la Cour pénale internationale (CPI), qui a d’ailleurs émis début juillet des mandats d’arrêt contre deux hauts dirigeants talibans.
Malgré cette condamnation internationale grandissante, les talibans ont récemment remporté une victoire diplomatique majeure : la reconnaissance officielle de leur gouvernement par la Russie. Cette décision, saluée par Kaboul comme un « accomplissement », brise en partie l’isolement international du régime et suscite l’espoir chez les talibans que d’autres nations suivront cet exemple. Toutefois, les rapporteurs spéciaux des Nations unies ont fermement appelé la communauté internationale à ne pas normaliser les relations avec ce régime « violent et autoritaire », soulignant son « mépris flagrant pour les droits humains ».
Outre la Russie, Kaboul entretient des relations plus discrètes mais étroites avec des États d’Asie centrale, la Chine et les Émirats arabes unis, témoignant d’une diplomatie souterraine active. Pourtant, l’Afghanistan fait face à une crise humanitaire dévastatrice, exacerbée par les coupes d’aide étrangère et l’afflux de millions de réfugiés expulsés des pays voisins. Le « jour de la Victoire » des talibans reste donc une journée noire pour une grande partie de la population afghane, qui endure une répression incessante et une privation systématique de ses droits les plus fondamentaux.