
La Bolivie, pays andin de 11,3 millions d’habitants, se prépare à un scrutin présidentiel décisif ce dimanche, alors que la population, exaspérée, affronte une crise économique sans précédent. Le manque de dollars et de carburant, combiné à une inflation galopante frôlant les 25% – un record en 17 ans –, a plongé le pays dans le désarroi. Les Boliviens se rendent aux urnes avec un sentiment d’urgence, espérant un changement radical après des années de déboires.
Le président sortant, Luis Arce, autrefois protégé d’Evo Morales mais désormais en conflit ouvert avec lui, a été contraint de renoncer à un second mandat, tenu pour responsable de cette débâcle. Les candidats de gauche, Andronico Rodriguez et Eduardo del Castillo, ne parviennent pas à mobiliser, laissant la voie libre à une droite triomphante. Deux figures emblématiques, Samuel Doria Medina et Jorge « Tuto » Quiroga, se disputent la première place, annonçant un duel inédit au second tour qui pourrait marquer la fin d’un cycle politique de vingt ans.
La promesse de rupture avec le modèle étatiste mis en place par l’ancien président socialiste Evo Morales séduit une population éreintée. Bien que Morales ait vu la pauvreté reculer et le PIB tripler sous sa présidence, la chute des revenus gaziers depuis 2017 a précipité le pays dans une crise inéluctable. L’ancien chef d’État, écarté de la course présidentielle par la justice et visé par un mandat d’arrêt, dénonce une élection « truquée » et menace de mobiliser ses partisans, augurant un climat de tension post-électoral.
Le conflit fratricide entre Evo Morales et Luis Arce a irrémédiablement fracturé le Mouvement vers le socialisme (MAS), le parti au pouvoir. Les blocages de routes orchestrés par Morales, accusant son ancien dauphin de mauvaise gestion, ont exacerbé la crise et paralysé plusieurs régions. « Le pire ennemi de la gauche a été la gauche elle-même », analyse le politologue Daniel Valverde, pointant du doigt la corruption, la mauvaise gestion et l’improvisation qui ont fini par épuiser la patience de la population. En plus du président, près de huit millions d’électeurs devront également renouveler le parlement, dans un contexte où l’avenir de la Bolivie semble plus incertain que jamais.