
Le magnat George Soros, figure clivante entre admiration à gauche et obsession à droite, voit son influence remise en question. Son idéal d’une société libérale, postnationale et multiculturelle, qu’il promeut avec ferveur depuis la chute du Mur de Berlin, semble désormais menacé. Ce monde illusoire qu’il a bâti pourrait bien s’effondrer avec lui, laissant derrière un héritage pour le moins mitigé. Ses revers en Chine l’ont poussé à se rabattre sur l’Europe, un terrain qu’il croyait fertile pour ses idées, notamment l’accueil inconditionnel des réfugiés et un communautarisme musulman critiqué.
L’ironie du sort veut que la chute du Mur de Berlin ait eu lieu l’année même où George Soros abandonnait les dissidents de la place Tiananmen, son fonds chinois ayant lamentablement échoué. Tandis que les Allemands reprenaient en main leur destin sans son aide, ce « philanthrope » autoproclamé n’a pu abattre un régime qu’il a vainement tenté de déstabiliser à coups de millions de dollars. Une cruelle leçon de l’histoire.
En 1989, sa Hongrie natale se libérait du communisme sous la pression populaire, obtenant le multipartisme et des élections libres. Soros, qui avait survécu à la barbarie nazie et vu le rideau de fer s’abattre sur l’Europe de l’Est, voyait enfin sa « société ouverte » triompher. Cependant, lorsqu’il a réorienté ses activités philanthropiques vers l’Europe au début des années 1990, il est arrivé presque trop tard. Son impact, bien que réel dans le soutien à la société civile et aux institutions démocratiques, notamment via les Open Society Foundations, n’a pas été sans controverses, beaucoup y voyant une ingérence dans les affaires intérieures des nations.
Malgré des dépenses considérables – plus de 32 milliards de dollars de sa fortune personnelle ont été alloués à ses fondations – le bilan de son action reste sujet à débat. George Soros a certes soutenu des initiatives pour les droits humains et la démocratie, mais l’efficacité et la pertinence de son approche, perçue par certains comme une tentative d’imposer une vision globale, sont de plus en plus contestées. Son influence, bien que significative dans le financement de causes progressistes, semble finalement moins déterminante qu’il n’y paraît, laissant place à une réflexion amère sur les limites de la philanthropie idéologique.