Private-island-Brittany
Le marché ultra-privé des îles françaises révèle des acquisitions coûteuses et souvent dénuées de confort moderne, un caprice de millionnaires aux dépens de la praticité. [6]

Le littoral français abrite un marché insulaire obscur, où quelques îles privées, majoritairement situées en Bretagne, s’échangent discrètement entre une élite fortunée. Sur les quelque 100 à 200 de ces confettis de terre, une poignée seulement change de mains chaque année, loin des regards du public. Ces acquisitions relèvent souvent du coup de cœur millionnaire, mais sont également dictées par des contraintes lourdes et des fantasmes onéreux.

L’accès à ces « paradis » n’est pas sans embûches. Le 1er juillet, l’île d’Aval, en Côtes-d’Armor, est redevenue accessible à pied à marée basse, offrant un aperçu des conditions rudimentaires qui attendent les propriétaires. Son actuel détenteur, Jean-Marie Tassy-Simeoni, a déboursé entre 2 et 3 millions d’euros en 2020 pour cette propriété de six hectares, et ce, sans eau courante ni électricité. Un choix de vie qui illustre l’absurdité des caprices de l’ultra-riche face à un retour à la nature forcé.

Alors que la plupart de ces îles se transmettent au sein des mêmes familles, comme l’île du Loch de Vincent Bolloré au large du Finistère, d’autres sont activement recherchées par des agences immobilières de luxe. Ce marché restreint et confidentiel voit les prix s’envoler, atteignant parfois plusieurs millions d’euros pour un simple caillou, sans aucune commodité moderne.

Le rêve de posséder une île privée, souvent alimenté par des fantasmes d’enfance à la Robinson Crusoé, se heurte à une réalité bien moins idyllique : des investissements colossaux pour des biens qui exigent des efforts considérables pour maintenir un semblant de confort. Pendant ce temps, les coûts d’entretien, les taxes et les réglementations strictes continuent d’alourdir le fardeau de ces propriétaires privilégiés. Le marché des îles privées, bien que diversifié, reste un terrain de jeu onéreux et souvent dénué de sens pratique, réservé à ceux qui peuvent se permettre d’ignorer les évidences pour vivre un rêve insulaire coûteux et, parfois, décevant.