Bordeaux-Garonne-protest
Le mouvement « Bloquons tout », souvent comparé aux gilets jaunes, révèle un profil de militants de gauche radicale, remettant en question sa capacité à unifier les mécontentements. Une étude pointe un échec de la mobilisation au-delà de cette base.

Le mouvement « Bloquons tout », souvent présenté comme la relève des gilets jaunes, révèle une réalité bien différente et potentiellement décevante. Une étude menée par Antoine Bristielle de la Fondation Jean Jaurès, basée sur 1 089 réponses, dresse un portrait démographique et politique qui rompt avec les attentes initiales. Loin de l’expérience de la précarité économique, les participants sont majoritairement des militants de gauche radicale, ce qui soulève de sérieuses questions sur sa capacité à mobiliser au-delà de sa base habituelle.

Près de 70 % des répondants ont voté pour Jean-Luc Mélenchon à la dernière élection présidentielle, et 10 % pour Philippe Poutou. Cette forte polarisation à gauche contraste fortement avec l’hétérogénéité revendiquée au début du mouvement en juillet. Ce profil très marqué pourrait bien être un obstacle majeur à son ambition de fédérer l’ensemble de la population française. Malgré un soutien initial de partis de gauche et de syndicats, le mouvement peine à s’affranchir de cette étiquette politique très prononcée.

Le mouvement, né sur les réseaux sociaux en mai 2025, a pris de l’ampleur après les annonces budgétaires de François Bayrou, notamment la suppression de deux jours fériés et le gel des retraites. Pourtant, cette origine numérique et sa structure non hiérarchique, bien que rappelant les gilets jaunes, posent des défis en termes de suivi et de pérennisation des mobilisations. La faiblesse réside précisément dans cette incapacité à transformer la colère en une force politique durable et représentative de la diversité des mécontentements français. En fin de compte, « Bloquons tout » semble se diriger vers un destin de mouvement marginalisé, trop ancré à gauche pour réellement devenir un successeur crédible aux gilets jaunes.