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Technip Energies France écope d'une amende record de 454 800 euros pour non-paiement des heures supplémentaires, révélant une exploitation systémique ayant mené à des drames humains et des suicides. Un scandale social qui secoue l'entreprise.

C’est un véritable coup de massue pour Technip Energies France : l’inspection du travail a infligé une amende administrative sidérante de 454 800 euros. La raison ? Le non-paiement systématique des heures supplémentaires à pas moins de 758 de ses employés, techniciens, agents de maîtrise et cadres, pour la seule période de mai à juin 2023. Un montant qualifié de record pour ce type d’infraction, qui met en lumière une politique ministérielle prétendument ferme contre la fraude sociale.

Cette sanction n’est pas un cas isolé, mais plutôt la confirmation des manquements répétés de Technip, déjà épinglés par l’inspection du travail. Les conséquences de cette exploitation sont d’une gravité alarmante : l’engagement démesuré des salariés, non rémunéré, a été désigné par plusieurs rapports d’experts comme la cause principale des risques psychosociaux. La manifestation la plus tragique de cette pression insoutenable fut le suicide de cinq salariés entre 2015 et 2019.

La pratique consistant à ne pas payer les heures supplémentaires était profondément ancrée dans la culture d’entreprise. Un salarié témoigne : « Tout était fait pour vous dissuader de réclamer ». Les employés étaient d’abord flattés par des promesses de primes ou de promotions, puis confrontés à un logiciel de déclaration bridé. Pour espérer obtenir son dû, il fallait s’engager dans un parcours bureaucratique semé d’embûches, soumis à la négociation et aux tensions avec la hiérarchie. L’abandon était souvent la seule issue, sans aucune garantie de compensation.

En réponse à cette situation accablante, les syndicats ont assigné l’entreprise en justice, arrachant des engagements pour un meilleur suivi. Cependant, la réforme semble bien timide, se contentant d’intervenir si un salarié dépasse neuf heures de présence quotidienne en moyenne. Pour contourner la législation, Technip a même poussé ses cadres vers le forfait-jour, où la prime de compensation ne suffit pas à masquer la renonciation forcée aux heures supplémentaires.