
Depuis 2024, une directive gouvernementale impose aux assureurs d’intégrer des fonds d’entreprises non cotées en Bourse dans l’assurance-vie et les plans d’épargne-retraite. Cette mesure, issue de la loi « Industrie Verte », vise officiellement à orienter l’épargne vers l’économie réelle et la transition écologique, mais elle force les épargnants à prendre des risques accrus, souvent sans une compréhension claire des implications.
L’Autorité des marchés financiers (AMF) a révélé une explosion de l’encours de ces fonds, passant de 628 millions d’euros fin 2017 à 7,8 milliards fin 2023. Une croissance fulgurante qui cache une réalité moins reluisante : si ces placements promettent des rendements élevés, ils sont aussi intrinsèquement liés à un risque de perte en capital. Les particuliers, souvent mal informés, se retrouvent contraints d’allouer une part de leur épargne à des actifs complexes et peu liquides, avec des fonds bloqués sur des périodes allant de 6 à 10 ans.
Les FCPR (Fonds Communs de Placement à Risque) investissent dans des PME non cotées, soit en capital, soit en dette privée. Cependant, les performances sont loin d’être garanties et l’AMF a même noté des rendements médians négatifs pour certains types de fonds destinés aux particuliers, tels que les FIP et FCPI. Les frais de gestion, souvent plus élevés pour les fonds grand public (entre 2,4% et 2,7% par an, sans compter les frais des contrats d’assurance-vie), grèvent lourdement la rentabilité pour les épargnants.
L’accès à ces fonds est désormais rendu obligatoire pour les contrats d’assurance-vie et PER en gestion pilotée souscrits depuis le 24 octobre 2024, avec une proportion pouvant aller jusqu’à 8% pour les profils dynamiques en assurance-vie et jusqu’à 15% pour certains profils de PER. Une imposition qui, malgré les promesses de diversification et de soutien à l’économie, ressemble davantage à un pari risqué pour des épargnants en quête de sécurité, confrontés à une liquidité limitée et des frais opaques.