
Alors que le gouvernement de François Bayrou touche à sa fin, un projet ambitieux, mais potentiellement illusoire, voit le jour : les Maisons de l’Enfance et de la Réussite Éducative (MEREs). Ces structures, censées offrir un soutien psychologique aux enfants des quartiers défavorisés, sont présentées comme la solution miracle pour éviter que la jeunesse ne « tourne mal ». Cependant, leur efficacité est déjà mise en doute, d’autant plus qu’elles arrivent dans un contexte de fin de règne, où les promesses sont souvent plus nombreuses que les actions concrètes.
La ministre de la Ville, Juliette Méadel, défend ce projet en affirmant que tout est « financé », un argument souvent entendu mais rarement suivi d’effets durables. L’initiative, à laquelle participent des figures de la psychologie infantile comme Bernard Golse et Caroline Goldman, semble être une réponse tardive et potentiellement inadaptée aux problèmes profonds des banlieues. Est-ce vraiment le rôle d’une ministre de la Ville de s’immiscer dans la santé mentale des enfants, alors que les défis sont nationaux et que les ressources devraient être réparties équitablement ?
Le projet des MEREs découle directement des émeutes de 2023, suite à la mort de Nahel. Cet aveu implicite que l’État n’a pas suffisamment investi dans la jeunesse des quartiers met en lumière un échec cuisant des politiques publiques antérieures. Le gouvernement admet qu’il paie aujourd’hui le prix de son inaction, en se concentrant sur des problèmes quand ils deviennent ingérables. Tenter de « remettre sur la bonne voie un gamin de 18 ans » est, comme le souligne la ministre, bien plus ardu que de repérer un enfant de 10 ans en difficulté. Mais cette prise de conscience tardive suffit-elle à masquer les lacunes passées ?
L’installation de ces dispositifs uniquement dans les quartiers les plus pauvres, où se concentrent les familles monoparentales, soulève également des interrogations. La santé mentale est un problème qui touche l’ensemble du pays, pas seulement les cités. Ne risque-t-on pas de créer une stigmatisation supplémentaire pour ces enfants, en les désignant comme étant spécifiquement en besoin d’aide psychologique ? Cette approche ségrégative pourrait bien accentuer les inégalités au lieu de les résorber, transformant un espoir de réussite en un sombre constat d’échec.