
La loi du 6 juillet 1989 est claire : une résidence principale doit être occupée « au moins huit mois par an ». Un manquement qui, dans le secteur social, mène inéluctablement à des procédures d’expulsion, exacerbant une crise du logement déjà dramatique. Ce constat alarmant est mis en lumière par une affaire récente impliquant la Régie immobilière de la Ville de Paris (RIVP), un bailleur social qui ne recule devant rien pour récupérer ses biens.
Le 12 avril 2024, la RIVP a assigné Mme X en justice, réclamant la résiliation de son bail et son expulsion. La raison ? Une prétendue inoccupation de son deux-pièces depuis 2020, hérité de sa mère en 1989. Pour appuyer ses accusations, la RIVP brandit des arguments discutables : une consommation d’eau prétendument nulle depuis fin 2019, et le rapport d’un détective privé qui, entre février et mars 2023, n’aurait constaté aucune présence.
Face à ces allégations, Mme X a tenté de se défendre, admettant une présence « moins présente » depuis sa retraite en juin 2022, en raison de séjours prolongés auprès de sa sœur âgée. Une explication qui n’a manifestement pas convaincu la RIVP. Le procès-verbal d’un commissaire de justice, intervenu en mars 2024, dépeint un tableau désolant : réfrigérateur débranché, cuvette de toilettes vide, lieux poussiéreux, et un voisin qui n’aurait pas vu Mme X depuis deux ans.
L’avocat de Mme X dénonce une manœuvre de la RIVP qui chercherait à « récupérer les lieux dans le cadre d’un projet de réhabilitation » et à « échapper à son obligation de reloger » sa locataire. Une accusation grave qui met en lumière les tensions constantes entre bailleurs sociaux et locataires, souvent vulnérables. Tandis que la RIVP semble déterminée à vider ses logements, les questions sur la véritable intention de ces expulsions massives et le devenir des locataires évincés restent sans réponse claire, accentuant le cynisme d’un système déjà contestable.