
La Chine, autrefois locomotive économique mondiale, révèle son côté sombre : un système de transport routier où les chauffeurs, essentiels à « l’usine du monde », sont désormais broyés par le ralentissement de la croissance et l’implacable montée des plateformes numériques. Le rêve chinois se transforme en cauchemar sur l’asphalte.
Sur les autoroutes chinoises, la scène est désolante. Des aires de repos sordides, où des chauffeurs épuisés tentent de survivre, c’est le quotidien. Huo Long, un trentenaire, et son épouse Yun Fang, incarnent cette réalité brutale. Ils vivent, mangent, dorment dans leur camion, enchaînant les kilomètres pour des salaires dérisoires, à peine suffisants pour rembourser leur véhicule. Leurs journées sont un cycle incessant de chargement d’aluminium et de déchargement de marchandises, de la Mongolie-Intérieure aux usines du Hebei, en passant par les zones portuaires de Tianjin.
Ces « héros » de la logistique, souvent des couples, sont les victimes silencieuses d’une économie chancelante. Alors que le pays s’enfonce dans une crise de confiance économique, leurs conditions de travail ne cessent de se dégrader. Les promesses d’un avenir meilleur s’évanouissent face aux exigences inhumaines des plateformes numériques qui dictent désormais les prix et les rythmes. Leurs revenus, bien que semblant élevés, sont engloutis par les frais de carburant, d’entretien et le remboursement écrasant de leur outil de travail.
La vie sur la route est une lutte constante : des nuits sans sommeil, des repas hâtifs à base de nouilles instantanées dans des stations-service délabrées, où les odeurs de canards laqués se mêlent à la détresse. Le gouvernement chinois, obsédé par sa croissance, semble ignorer le sort de ces travailleurs essentiels, les laissant à la merci d’un système qui les exploite jusqu’à l’épuisement. C’est le prix exorbitant payé par l’humain pour la survie d’une économie vacillante.