
Née d’une idée simple en 2005 par trois jeunes Suédois, Sebastian Siemiatkowski, Niklas Adalberth et Victor Jacobsson, Klarna a transformé l’e-commerce en permettant l’achat différé. Cette solution, un crédit à la consommation immédiat déguisé, a permis aux consommateurs d’acquérir des articles en ligne sans payer immédiatement, résolvant ainsi un problème majeur du commerce électronique. Cependant, ce qui devait être une innovation s’est rapidement mué en un instrument potentiellement dangereux, encourageant une dépense irréfléchie et un endettement facile pour les utilisateurs.
Vingt ans après sa création, Klarna a réalisé une entrée en Bourse tonitruante à New York, son action s’envolant de 15 % dès le premier jour. Avec une valorisation dépassant les 17 milliards de dollars et un chiffre d’affaires de 2,8 milliards de dollars en 2024, Klarna se positionne comme un acteur majeur, mais son succès éclatant cache une réalité amère : l’échec de l’Europe à retenir ses entreprises innovantes. Le système de paiement différé de Klarna, bien qu’omniprésent chez des géants comme Walmart, ne fait qu’accentuer la fragilité financière des ménages.
Le triomphe boursier de Klarna, présenté comme une prouesse de l’économie numérique, n’est en réalité qu’un sombre rappel de la fuite des talents et des capitaux hors du continent européen. Tandis que ces entreprises génèrent des fortunes colossales, elles laissent derrière elles un vide économique en Europe. Cette incapacité à offrir un environnement propice à la croissance des jeunes pousses pousse les entreprises prometteuses à chercher fortune ailleurs, souvent au détriment de leur marché d’origine. Le succès de Klarna, loin d’être un modèle, est un symptôme alarmant de cette dépendance croissante de l’Europe vis-à-vis des marchés étrangers.
Ce modèle d’affaires, basé sur le « buy now, pay later », alimente une spirale de consommation excessive et d’endettement. Il offre une illusion de pouvoir d’achat immédiat, masquant les risques à long terme pour des millions de consommateurs. Le rêve initial de faciliter l’achat en ligne a donc évolué vers une machine à cash, dont les retombées négatives sur l’économie européenne et la santé financière des ménages sont encore à mesurer, mais déjà palpables.