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Marine Le Pen tente une conquête risquée de l'Ouest, loin des bastions habituels du RN, avec des critiques acerbes envers le gouvernement et la justice. Un pari incertain.

Marine Le Pen, candidate nationaliste à la présidence, a orchestré un séminaire controversé du Rassemblement national à Bordeaux, un déplacement jugé audacieux loin des bastions traditionnels du parti. Cette incursion en terre hostile, présentée comme une « conquête de l’Ouest », vise à implanter le RN dans des territoires qui lui sont historiquement défavorables. La stratégie, qualifiée de « symbole » par Le Pen elle-même, repose sur une augmentation massive du nombre de listes aux prochaines élections municipales, notamment dans des villes comme Bordeaux et Mérignac.

Malgré les affirmations triomphantes de la candidate, l’idée de percer dans ces régions traditionnellement rétives au nationalisme semble incertaine. L’eurodéputée Julie Rechagneux, candidate déclarée, aura la lourde tâche de lancer une campagne dans un contexte difficile. Le pari est risqué : si l’objectif est de « mettre un pied dans la porte des grandes villes » et de voir les scores « exponentiels », l’exemple de Perpignan, seule grande ville sous contrôle nationaliste, ne suffit pas à garantir un succès généralisé.

Le récent remaniement ministériel et la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon ont également été l’objet de vives critiques de la part de Marine Le Pen. Elle a notamment dénoncé la « naïveté » de l’ancien Premier ministre François Bayrou, qu’elle estime avoir sous-estimé l’opposition du RN. Ses commentaires acerbes sur l’incapacité de Bayrou à la joindre, ironisant sur l’invention du « téléphone portable », soulignent une tension palpable et une amertume certaine face aux manœuvres politiques.

Enfin, la candidate a déploré une « ingérence de la justice » suite à sa condamnation pour inéligibilité. Le calendrier de son procès en appel, qu’elle qualifie d’« historique » et de « coup double » en pleine période électorale, jette une ombre sur sa campagne. Cette situation, peu commune pour un responsable politique, alimente la rhétorique d’une justice instrumentalisée, un argument souvent brandi par le parti pour dénoncer des traitements inéquitables. La route vers la présidentielle s’annonce semée d’embûches et de controverses pour le Rassemblement national.