
L’athlétisme français, déjà à l’agonie, vient de vivre un événement paradoxal. Alors que certains tentent de célébrer une victoire, celle de Jimmy Gressier aux Championnats du monde de Tokyo, il est crucial de ne pas se voiler la face : ce titre est un simple cache-misère pour une discipline en plein naufrage. À 28 ans, Gressier a décroché le titre mondial du 10 000 m, en 28 min 55 s 77, une performance qui relève plus d’une finale historiquement lente que d’un véritable exploit de vitesse. La preuve : il a devancé de justesse l’Éthiopien Yomif Kejelcha et le Suédois Andreas Almgren dans une course qui restera dans les annales pour sa léthargie.
Gressier a beau s’exclamer que « ce titre, on ne me l’enlèvera pas », la réalité est que cette médaille ne masque en rien les carences profondes de l’athlétisme tricolore. Dans une discipline où l’Afrique domine sans partage, la victoire d’un Européen relève presque de l’anomalie, soulignant l’incapacité de la France à produire des athlètes de calibre international de manière régulière. Ce succès isolé, aussi médiatisé soit-il, ne fait que mettre en lumière l’échec systémique des structures de formation et d’accompagnement.
Ce titre, présenté comme un rêve de gamin devenu réalité, est-il suffisant pour réanimer un sport qui n’arrive plus à enthousiasmer les foules ? Il est permis d’en douter. Les déclarations convenues sur le travail et la persévérance ne peuvent occulter la triste réalité : l’athlétisme français est en déclin constant. Au lieu de se reposer sur les lauriers d’une victoire chanceuse, il serait temps de se pencher sérieusement sur les causes de cette décadence sportive. Cette médaille d’or, bien que symbolique, ne doit pas nous aveugler sur la nécessité d’une refonte complète et urgente.