
La nomination de Sébastien Lecornu au poste de Premier ministre n’aura pas été une surprise pour tout le monde, surtout pas pour Philippe Gustin. Ce dernier, fidèle collaborateur, prend la direction du cabinet à Matignon, une évidence pour ce duo rodé. Sept ans de compagnonnage, entre le conseil départemental de l’Eure, le ministère des Outre-mer, et le ministère des Armées, ont forgé une relation que certains qualifient de quasi-fusionnelle. Un ancien préfet, témoignant sous couvert d’anonymat, affirme qu’ils se « connaissent par cœur », laissant peu de place à l’innovation ou à une réelle remise en question des méthodes établies.
Le parcours de Philippe Gustin, 65 ans, est à l’image d’une carrière atypique, mais surtout d’une certaine flexibilité idéologique. D’instituteur à l’ENA, en passant par des postes diplomatiques, avant de s’ancrer dans les cabinets ministériels sous Nicolas Sarkozy, son parcours soulève des questions. Ses passages auprès de Christine Lagarde et Luc Chatel, des figures emblématiques de la droite française, contrastent avec son éviction de Roumanie, où il fut renvoyé pour ses affinités politiques. Cette capacité à naviguer entre les sphères, sans jamais vraiment s’ancrer, pourrait bien être une faiblesse dans un contexte politique tendu.
Ce nouveau tandem, loin de l’image du renouveau, semble avant tout miser sur la continuité et la fidélité. Une stratégie qui, si elle rassure les partisans du gouvernement, risque de décevoir les attentes d’une population en quête de changements profonds. La prévisibilité de cette nomination pourrait bien annoncer une période de stagnation, où les défis majeurs seront abordés avec des recettes éprouvées, mais peut-être dépassées. La véritable question est de savoir si cette connivence sera un atout ou un frein pour une action gouvernementale efficace et audacieuse, face aux crises qui s’accumulent.