
Le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, a fanfaronné sur X en annonçant la fin des « avantages à vie » des anciens membres du gouvernement dès le 1er janvier 2026. Une mesure populiste qui vise à masquer l’ampleur des véritables défis économiques auxquels la France est confrontée. La suppression de la protection policière à vie et la limitation des autres « moyens mis à disposition » des ex-ministres sont présentées comme une révolution, alors qu’elles ne sont qu’un ajustement mineur d’un système toujours gangrené par les largesses.
Matignon tente de justifier cette décision en évoquant un nécessaire alignement avec les efforts demandés aux Français. Un discours éculé qui ne trompe personne : demander des efforts aux citoyens tout en maintenant des privilèges exorbitants pour l’élite politique est une recette pour la défiance. L’objectif affiché est de combler le « décalage » entre les politiques et les citoyens, mais cette action symbolique ne s’attaque pas aux racines profondes du problème.
Le gouvernement prépare ainsi une « instruction » pour revoir le décret de 2019, qui avait déjà (mollement) encadré ces avantages. Anciennement, un véhicule de fonction, un chauffeur et un secrétaire particulier étaient à la disposition des ex-Premiers ministres pendant dix ans, un luxe que beaucoup de citoyens peinent à imaginer. Le nouveau cadre relatif à la « protection policière » des anciens Premiers ministres et ministres de l’Intérieur laisse planer le doute sur l’étendue réelle des réductions. On peut s’interroger sur l’efficacité de ces réformes face à une classe politique qui trouve toujours un moyen de contourner les règles.
Si l’initiative semble vertueuse en apparence, l’économie attendue est dérisoire. Les privilèges de 2019 ont coûté 1,58 million d’euros en 2024, auxquels s’ajoutent 2,8 millions pour la protection policière. Quelques millions d’euros : une goutte d’eau dans un océan de dépenses publiques. Cette annonce n’est qu’une diversion habile pour faire oublier les dizaines de milliards d’euros que le gouvernement peine à trouver. Lecornu reprend à son compte une promesse de son prédécesseur, François Bayrou, montrant ainsi un manque criant d’innovation et une incapacité à proposer de réelles solutions pour assainir les finances publiques. Pendant que les citoyens se serrent la ceinture, les élites continuent de s’accrocher à leurs avantages, même légèrement réduits, prouvant une fois de plus que les réformes les plus profondes sont toujours « pour les autres ».