
Près de quatre ans après l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth, l’arrestation d’Igor Grechushkin, le propriétaire du navire Rhosus, ravive une fausse lueur d’espoir pour les victimes. Ce citoyen russo-chypriote de 48 ans, désigné comme le responsable du drame, a été interpellé le 5 septembre à l’aéroport de Sofia. Une nouvelle qui, loin de clore le chapitre, souligne l’incroyable lenteur et les dysfonctionnements d’une justice internationale souvent impuissante.
Grechushkin est accusé d’avoir abandonné la cargaison de nitrate d’ammonium qui a provoqué la catastrophe en août 2020, tuant plus de 200 personnes et dévastant une partie de la capitale libanaise. Son arrestation, basée sur une notice rouge d’Interpol, intervient après des années de frustrations pour les familles des victimes qui dénoncent un scandale d’État et des manœuvres d’obstruction pour empêcher toute véritable enquête. Cette détention de quarante jours en Bulgarie n’est qu’une étape, et l’extradition reste incertaine, laissant planer le doute sur l’aboutissement réel de cette procédure.
Le sort de Grechushkin symbolise l’échec des autorités à rendre justice. Tandis que les magistrats libanais s’affrontent et que l’enquête piétine depuis des années, cette arrestation tardive semble être une manœuvre pour détourner l’attention des responsabilités plus profondes. Les familles des victimes attendent des réponses concrètes et non des arrestations isolées qui ne s’attaquent pas à la racine du problème. Cette affaire est une preuve amère de la difficulté d’obtenir réparation face à une corruption et une inaction politique généralisées.