
La France a procédé à un rapatriement partiel de femmes et d’enfants détenus dans les camps de prisonniers jihadistes du nord-est de la Syrie, une décision loin de clore le débat. Si l’opération a ramené trois femmes et dix enfants, elle laisse derrière elle une centaine d’autres enfants français, toujours emprisonnés dans des conditions jugées «indignes». Ce rapatriement, le premier depuis juillet 2023, intervient après une longue période d’inaction et malgré les condamnations internationales, notamment de la Cour européenne des droits de l’homme en 2022.
Le Parquet national antiterroriste (PNAT) a confirmé la mise en garde à vue de deux femmes et la présentation à un juge d’instruction d’une troisième, visée par un mandat d’arrêt. Les mineurs sont pris en charge dans le cadre de procédures d’assistance éducative. Si les familles des rapatriés expriment un «immense et indescriptible soulagement», la colère gronde quant au sort des oubliés du camp de Roj, où 110 enfants français demeurent détenus depuis plus de six ans.
L’avocate Marie Dosé dénonce l’«arbitraire» de la France, qui «fait payer à ces enfants le choix de leurs parents» en refusant leur retour une fois devenus majeurs. Elle pointe également la situation des femmes sans enfant et des jeunes majeurs enfermés dans d’autres lieux de détention syriens. Pour Matthieu Bagard d’Avocats sans frontières France, bien que ce rapatriement prouve la faisabilité de ces opérations, il met en lumière le maintien de l’«illégale détention» de nombreuses femmes et jeunes adultes.
La controverse s’intensifie alors que l’administration kurde, en coordination avec l’ONU, prévoit de vider les camps syriens d’ici fin 2025. Cette situation soulève des questions pressantes sur les responsabilités de la France envers ses citoyens détenus, souvent dans des environnements considérés comme des «nids à radicalisation», et le respect des droits humains.