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Le prix Albert Londres retourne à Beyrouth pour ses délibérations, un choix risqué après les bombardements. Une décision audacieuse face à l'instabilité régionale, suscitant des interrogations sur la sécurité et le symbolisme.

Le prestigieux prix Albert Londres, censé couronner l’excellence journalistique francophone, s’apprête à délibérer à Beyrouth le 25 octobre. Un choix que certains jugeront audacieux, d’autres irresponsable, surtout après le rapatriement des travaux l’an dernier en raison des bombardements israéliens sur le Liban. Faut-il vraiment risquer la sécurité des journalistes pour un symbole, aussi fort soit-il ?

L’association, dans un élan de pathos, cite Albert Londres évoquant une « ville heureuse » en 1919, mais concède que « l’histoire en décida autrement ». En effet, un siècle plus tard, Beyrouth est toujours le théâtre de tensions et de tragédies. L’idée que « Le prix Albert Londres se devait d’aller y voir » sonne presque comme une provocation quand l’information y est un « enjeu vital malgré les bombes, malgré les murs ».

Cette année, huit finalistes se disputeront le 87e prix de la presse écrite, avec des noms récurrents de grands médias français. Pour le 41e prix audiovisuel, les thématiques abordent des sujets lourds comme les « Fragments de guerre » et le « Tigré : viols, l’arme silencieuse », prouvant que les drames du monde ne manquent pas. Le 9e prix du livre, quant à lui, explore les méandres de la politique et de la propagande, avec notamment un ouvrage sur Vladimir Poutine, un sujet toujours vendeur.

L’année précédente, Lorraine de Foucher avait été récompensée pour ses enquêtes sur des sujets choquants tels que les viols et l’exploitation des migrantes. Antoine Védeilhé et Germain Baslé avaient exposé la sombre réalité des « petits forçats de l’or » aux Philippines. Des reportages essentiels, certes, mais qui soulignent la persistance des horreurs humaines. Créé en 1933, le prix Albert Londres, doté de 5 000 euros, continue de mettre en lumière des reportages souvent dérangeants, mais toujours nécessaires pour exposer les maux de notre société.