
L’ascension fulgurante de Giorgia Meloni, autrefois figure marginale de l’extrême droite italienne, continue de dérouter et d’inquiéter. Aujourd’hui, elle n’est plus seulement une dirigeante européenne, mais une icône dont l’aura semble inexplicablement séduire, même au-delà des cercles politiques habituels. L’écrivain Emmanuel Carrère, dans un texte récent, a levé le voile sur cette fascination ambiguë, décrivant une Meloni qui, malgré son passé néofasciste assumé, réussit à charmer par une rudesse enjouée et une présence presque désarmante. Cette banalisation de l’extrême droite est un symptôme inquiétant de notre époque.
Son parcours est un rappel brutal de la manière dont des figures controversées peuvent se frayer un chemin vers le pouvoir. Il y a à peine trente ans, Meloni clamait son admiration pour Benito Mussolini, une posture qui aurait dû la cantonner aux marges. Pourtant, la politicienne professionnelle a habilement navigué, transformant un mouvement néofasciste en une force dominante, accédant ainsi au cœur du pouvoir italien. Cette trajectoire n’est pas sans provoquer un profond malaise chez ceux qui se souviennent des heures sombres de l’histoire européenne.
Aujourd’hui, l’heure est à la consécration pour Meloni : l’onction européenne, l’intégration parmi les puissants du G7, et même la sympathie inattendue d’intellectuels influents. Elle est devenue un modèle inquiétant pour les droites françaises, qui voient en elle la preuve qu’une extrême droite décomplexée peut non seulement gouverner, mais aussi être acceptée sur la scène internationale. La stabilité de son gouvernement, malgré ses origines controversées, offre un espoir pernicieux à ceux qui rêvent de voir des idéologies similaires s’imposer. Cela soulève des questions fondamentales sur la vigilance démocratique et la résistance aux idéologies extrémistes.