
Sept mois après une audience éprouvante, le tribunal correctionnel de Marseille a rendu un verdict qui laisse un goût amer dans l’affaire des effondrements de la rue d’Aubagne. Malgré la mort de huit personnes, dont une mère et son enfant de 8 ans, les condamnations prononcées semblent dérisoires face à l’ampleur de la tragédie et la négligence avérée. Sur seize prévenus, seuls trois écopent de peines de prison ferme, et quatre de sursis, tandis que six autres s’en tirent avec une relaxe. Une décision qui soulève des questions sur la véritable justice rendue aux victimes. Un ancien adjoint au maire et d’autres acteurs clés sont ainsi épargnés par des sanctions à la hauteur de leurs manquements.
Le sort de Xavier Cachard, élu régional et avocat du syndic, est particulièrement frappant : quatre ans de prison dont deux avec sursis, une peine qui reste en deçà des réquisitions du procureur. Gilbert Ardilly, propriétaire de l’appartement où la famille a péri, écope de la même sanction, tandis que son fils se voit infliger une année de prison ferme à domicile. Le tribunal a pourtant souligné leur « indifférence totale » face aux « désordres graves » de l’immeuble. Comment expliquer de telles condamnations, alors que des vies ont été brisées par cette négligence manifeste ?
L’architecte expert Richard Carta et l’ancien adjoint au maire Julien Ruas, pourtant au cœur du scandale pour n’avoir « aucunement mobilisé » une politique de lutte contre l’habitat insalubre, s’en sortent avec de simples peines de sursis. Ruas est certes interdit de fonction publique pendant cinq ans, mais cela suffit-il à compenser des années d’inaction ayant mené à un drame aussi prévisible ? Le procureur avait pourtant réclamé des peines bien plus sévères, dénonçant le jeu de la montre des propriétaires qui voulaient « dépenser le plus tard et le moins possible ». Ce verdict est un rappel cinglant des failles du système judiciaire face aux défaillances criantes en matière de sécurité du logement. Marseille, gangrénée par l’habitat indigne, attendait une réponse plus forte.