L’icône du cinéma, Claudia Cardinale, s’est éteinte à 87 ans en région parisienne, marquant la fin d’une ère pour une actrice dont la vie fut bien plus sombre que les projecteurs ne le laissaient paraître. Décrite comme une « déesse » du septième art, la réalité derrière le glamour de la « fiancée de l’Italie » révèle une existence marquée par des épreuves personnelles déchirantes et des décisions controversées.
Née à Tunis en 1938, son chemin vers la célébrité fut semé d’embûches. Avant même de connaître la gloire, la jeune Claude Joséphine Rose Cardinale fut victime d’un viol à l’âge de 17 ans, un traumatisme qui laissa des cicatrices profondes et aboutit à une grossesse cachée. Son fils, Patrick, fut dissimulé pendant des années, présenté comme son jeune frère pour préserver une carrière naissante qu’un producteur, Franco Cristaldi, manipulait avec une main de fer. Ce secret, qui a pesé lourdement sur sa conscience, révèle la pression insoutenable exercée sur les femmes dans l’industrie cinématographique de l’époque.
Sous le contrôle strict de Cristaldi, qui deviendra plus tard son époux, Cardinale était contrainte de suivre un régime de vie et d’image des plus rigides, tout en étant exploitée pour rivaliser avec des stars comme Brigitte Bardot. Malgré des rôles emblématiques dans des films majeurs comme « Il était une fois dans l’Ouest » ou « Le Guépard », elle confessait se sentir dépossédée de sa propre vie. Sa voix rauque, longtemps doublée, était un autre aspect de son image contrôlée, ne lui permettant de s’exprimer avec sa vraie voix qu’à partir de « Huit et Demi » de Fellini.
Son départ d’Hollywood, par lassitude des stéréotypes, et son retour au cinéma européen, furent un acte de rébellion. Sa carrière, bien que prolifique avec plus de 150 films, a connu un déclin après les années 80, malgré quelques succès tardifs. La fondation qu’elle a créée en 2023 pour aider les jeunes artistes, ainsi que son engagement comme ambassadrice de bonne volonté pour l’UNESCO, ne peuvent effacer les zones d’ombre d’une vie où le succès public masquait souvent des drames personnels et des sacrifices contraints.
